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Vernissage de l'exposition photographique Cafés Latents d'Arnaud Ghys au centre

«Rendre visible le vide est art particulier... comme tout art, il mérite d'avoir une place pour être partagé»

Chers clients et flotteurs, nous n'avons malheureusement toujours pas d'informations à vous transmettre concernant la date de notre réouverture. Cependant, en soutien à la Culture et à l'Horeca, nous avons décidé de vous proposer de visiter l'exposition photo Cafés Latents d'Arnaud Ghys pour un vernissage exceptionnel le 30 avril prochain.


A côté des tirages photographiques, notre salle immersive vous proposera une expérience visuelle au coeur de ces cafés... latents.



Mot du photographe - Arnaud Ghys :


« Flotte dans ces cafés fermés une douce nostalgie de brouhahas joyeux (...) A chaque cliché il se dégage un petit je-ne-sais-quoi, qui parle simplement de ce qui nous manque : une insouciante convivialité »
Françoise Baré

Le déclic : un soir de janvier, je passe devant la vitrine de l'Athénée à Ixelles. Un réverbère tout proche de la vitrine jette une lumière crue sur le silence de ce lieu généralement bouillonnant. Je colle mon téléphone sur la vitre et je fais une photo. Immédiatement, je sens que je tiens là quelque chose. Mon sujet photographique principal a toujours été l'humain, via le reportage ou le portrait. Cette fois, c'est son absence que je vais donner à voir.


Dans le métro qui me ramène chez moi, je me décide à démarrer une série sur les cafés confinés : je vais photographier des cafés de l'intérieur, à la nuit tombante, à la seule lumière de la rue. Ni une ni deux, je téléphone à Mathieu, le patron de l' Excelsior à Jette, et je prends mon premier rendez-vous pour une prise de vue. Je choisis de me limiter aux cafés bruxellois que j'ai fréquentés. A la fois parce qu'ils sont assez nombreux pour donner corps à cette série, et parce que je sais comment ils vivent « in tempore non covido ».


Qu'est-ce qui relie tous ces cafés qui m'ont un jour attiré et dont j'ai poussé la porte? Une forme de patine, certainement. J'aime quand le temps a ajouté de la vie aux objets, quand les banquettes sont un peu usées, quand le bois un peu jauni est omniprésent. Des endroits où le patron a parfois une grande gueule, où les gens se parlent d'une table à l'autre, où on est jamais à l'abri de les voir se mettre à danser, sur le sol ou sur les tables, quand la musique est bonne.


Le hasard du calendrier fait que le premier café à pouvoir m'ouvrir sa porte est le Pantin à Ixelles. C'est précisément le premier café que j'ai fréquenté quand je suis venu m'installer à Bruxelles il y a près de 25 ans. C'était déjà une institution. Il a très peu changé. La carte des bières était déjà très étoffée et on partageait les tables avec les joueurs d'échec et de go. J'y ai multiplié les soirées mémorables.


A l'intérieur de ces cafés éclairés par la seule lumière de la rue, il fait aujourd'hui assez sombre. On y voit même parfois pas grand chose à l'oeil nu. Je travaillerai donc sur un trépied, en pose longue, pour que la faible lumière trouve son chemin jusqu'au capteur de mon appareil. Le petit défi technique est d'obtenir dans ces photos l'indispensable lisibilité tout en conservant dans le rendu l'obscurité liée aux conditions particulières d'éclairage. Je retrouve la part de surprise du développement en argentique car ce que perçoit mon appareil en pause longue est différent de ce que je vois de mes yeux. Et ce n'est qu'après de longues secondes d'attente que l'écran de mon appareil s'éclaire et me gratifie d'une nouvelle image.


Sans que je puisse me l'expliquer, travailler en pose longue donne une forme de profondeur aux images, les charge de vécu, implique une sorte de recueillement qui convient très bien à l'absence que ces photos met en lumière, aux vibrations qui émanent de ces murs aux plaques émaillées.


Un café, c'est bien plus qu'un débit de boisson. C'est un cadre pensé pour être accueillant. C'est un lieu qui crée du lien. C'est une « zone neutre », où l'on peut avoir des conversations que l'on aurait peut-être pas chez soi, où des rencontres improbables deviennent envisageables, où a cours une forme particulière de sociabilité. On n'a jamais eu autant besoin de refaire le monde et les cafés sont fermés.


Comme la plupart des indépendants, les cafetiers sont volontaristes. Ils rechignent à dire que « ça ne va pas aller » même quand la situation est objectivement assez désespérée : loyers dans le meilleur des cas reportés, factures qui s'accumulent même pour la musique qu'ils ne passent plus... Pour la population en général, celle dont les revenus n'ont pas changé depuis la pandémie, un mois de confinement de plus c'est juste une question de prendre son mal en patience. Pour beaucoup de ces cafés, un mois de plus sera peut-être le mois de trop, celui qui va faire couler la barque.


Je prends conscience en réalisant cette série de sa portée historique : il n'est pas impossible que pour certains de ces établissements il s'agisse des dernières photos avant une fermeture définitive. Et même si ils ouvrent, allons-nous réellement retrouver l'insouciance du « monde d'avant » ? Ou estce que cette pandémie est plus un tournant qu'une parenthèse... et que plus rien ne sera jamais comme avant ?


Ces images me semblent être « sur le fil » entre la joie (de ce qui était) et la tristesse (d'en être privés). Comme ces fanfares balkaniques qui hésitent entre le rire et les larmes. Nous étions blasés et nous ne le savions pas. Nous sommes comme ces malades qui reprennent conscience de la joie oubliée d'être simplement en bonne santé. Le sujet profond de cette série est peut-être ce que les bouddhistes appellent l'impermanence : rien ne dure, tout change, tout disparaît. Si la vie a une beauté, c'est celle de l'éphémère.

Qui est Arnaud Ghys ?


Après des études de sociologie, Arnaud Ghys démarre sa vie professionnelle dans l'associatif militant, dans l'espoir fou de contribuer à changer le monde. Le décès de son père, combiné à une précoce crise de la quarantaine, vient remettre en question cette orientation. Il prend alors des cours à l'Ecole de photo de la ville de Bruxelles (aujourd'hui école Agnès Varda), se passionne très vite et se prend à rêver de vivre de la photographie.


Il y a une dizaine d'années, il se lance comme photographe professionnel. L'âge d'or de la photo est largement derrière nous mais il s'accroche, alternant les travaux personnels et les travaux de commande compatibles avec sa sensibilité.


Il n'a jamais été aussi sociologue que depuis qu'il est photographe : il a maintenant une excuse pour pénétrer les milieux les plus divers. Un jour dans un CPAS, le lendemain au Palais Royal. Son sujet principal pour ne pas dire unique est l'humain, sous l'angle du reportage et du portrait.


Son premier projet personnel, « Vus nus », est une série de portraits de modèles nus, dans laquelle la nudité hors cadre irradie le visage et donne une belle profondeur aux portraits.


Ses travaux ont été exposés un peu partout en Communauté Française et notamment Galerie de la Reine à Bruxelles ainsi qu'au Musée Rops et au Delta à Namur.


A l'automne 2020, sur base d'un crowdfunding fulgurant, il sort son premier livre « Portraits in Jazz », fruit de cinq années de fréquentation assidue des musiciens de jazz, qu'il épingle dans des moments suspendus, pleinement habités par la musique.


En 2021, il réalise la série « Cafés Latents » sur les cafés bruxellois fermés pour cause de confinement Covid. Un livre rassemblant ces cafés est également en cours de réalisation et va sortir très bientôt.



Infos sur le vernissage


Vendredi 30 avril 2021 entre 17h et 21h au centre Sea of Clouds

(180 rue Haute - Bruxelles) - Gratuit/Sans réservation préalable - dans le strict respect des règles et mesures sanitaires en vigueur

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